Restauration d’une chaise style art déco au tissu jungle
Suivez avec moi la transformation de cette chaise de style Art déco que j’ai chinée dans une brocante près de Chartres de Bretagne en Ille-et-Vilaine.
Dégarnissage de la chaise
Le dégarnissage d’une chaise, c’est l’étape qui consiste à enlever l’ancienne garniture d’un siège. On a parfois des mauvaises surprises mais parfois on découvre des trésors cachés !
Exemple à ne pas suivre !
Après avoir enlevé tous les clous, l’ancien tissu et le crin de la chaise art déco, on découvre l’ancien guindage de la chaise. En tapisserie d’ameublement, le guindage désigne la pose des ressorts et la façon dont ils sont fixés entre eux et à la carcasse en bois.
Ici, on voit qu’il y a seulement 3 ressorts. Idéalement, il faut en mettre le plus possible, sinon on risque d’avoir une sensation de trous quand on s’assoit. Là, il n’y en a pas assez. De plus, ils ne sont presque pas fixés, ni entre eux, ni à la chaise. Il y a une ficelle très fine qui passe entre chaque. Un guindage bien réalisé est beaucoup plus solide : ce sont des cordes à guinder beaucoup plus épaisses, qui sont nouées entre elles grâce à des nœuds de cabestan puis sont fixées à la structure en bois à l’aide de semences et de clés pour que tout soit bien maintenu. C’est la partie du siège qui travaille le plus, c’est celle qui reçoit tout le poids du corps et qui est censée apporter du rebond et du confort à l’assise.
Vous l’aurez compris, ce guindage est très mal réalisé et ne permet pas de garantir la durabilité de l’assise dans le temps. C’est vraiment un contre exemple de ce qu’il faut faire !
Les trésors des tapissiers
Lors du dégarnissage, on peut aussi avoir de belles surprises.
Sur cette chaise art déco, j’ai découvert le tampon du fabricant. Il s’agit sans doute d’une usine qui a fabriqué ce type de chaises dans les années 1960.
Aux XVIIè, XVIIIè et XIXè siècle, les ébénistes et menuisiers qui fabriquaient le mobilier aposaient leur estampille sur chaque réalisation. Il s’agissait d’une signature qui permettait de reconnaître l’artisan, c’était une obligation légale pour les ébénistes habilités à fabriquer des meubles.
Cette chaise et ce tampon sont certes très loin du travail des grands ébénistes français tels que Sené ou Jacob, mais c’est toujours émouvant pour les tapissiers de découvrir les secrets cachés des sièges qu’ils restaurent !
Seconde vie pour la chaise art déco
Une fois que la chaise a été intégralement dégarnie et qu’on a bien nettoyé le bois, il est temps de passer à la tapisserie d’ameublement.
Nouvelle garniture contemporaine
Pour la garniture de la chaise, j’aurais pu remettre des ressorts comme c’était le cas avant (mais en mieux, comme je l’expliquais). Néanmoins, vu la faible hauteur de la traverse d’assise et compte tenu de la faible largeur de la feuillure, il aurait été difficile de fixer les ressorts dans les règles de l’art et en assurant une tenue dans le temps.
C’est pourquoi j’ai décidé d’utiliser des sangles élastiques que j’ai fixées directement sur les traverses.
Ensuite, j’ai collé en pelote la nouvelle mousse de la garniture. Enfin, j’ai procédé à la mise en blanc en posant une toile de coton blanche sur la mousse.
Le tissu de couverture
Dernière étape, la pose du tissu de couverture.
J’ai eu la chance de récupérer un coupon du magnifique tissu amazon de l’éditeur anglais Clarke and Clarke. Voici le motif complet :
Ici il s’agit d’un motif de jungle luxuriante, avec des paons, des tigres, des feuillages entrelacés avec des couleurs vives et profondes. Clarke and Clarke se place dans l’héritage des motifs imaginés par William Morris à la fin du XIXème siècle.
Sur cette chaise de style art déco, le tissu est fixé à l’agrafe sur le dessus du siège. La finition choisie est un double passepoil dans les tons orange, qui rappelle la couleur de la tête de tigre placée au centre de l’assise.
La chaise est terminée et elle réside désormais chez mes voisins dans le centre de Rennes !